"Un film pour entendre une parole de liberté"
Avec la participation de : Edouard Glissant, Albert Jacquard, Jean-Pierre Dubois, Boutros Boutros-Ghali, Jack Ralite, Henri Leclerc, Armand Gatti, Patrick Chemla, Noël Quidu, Eli Domota, Gérard Garouste, Georges Balandier
Scénario, image et montage : Sarah Franco Ferrer
Production : Atelier Quetzal, Parole errante
France 2011 | documentaire | 1h21
couleur | VF
Synopsis :
Help : mot dont la simplicité fait écho à l’essentiel de ce qu’il doit porter : un appel au secours, une échappée possible de ce qui pourrait nous réduire au silence. Pourquoi les choses ne tournent pas rond ?
Visibilité : qu’est-ce qui est visible ? De quelle visibilité voulons-nous parler ? À l’heure où les alertes sont de plus en plus nombreuses, de quoi voulons-nous témoigner ? Des personnalités s’expriment à travers ce film sur ce qui leur semble fondamental pour l’avenir en s’appuyant sur les réalités auxquelles ils sont confrontés à travers leur profession et leur vision du monde.
Réalisatrice et plasticienne, Sarah Franco-Ferrer, née en France, a commencé par le théâtre, avant de devenir réalisatrice. En 1996, elle signe son premier film Parole donnée suivi de Mémoire indigène en 1997. Depuis, elle a réalisé plusieurs films et expositions. Son travail traite souvent de sujets d’actualité. La vidéo devient pour elle un outil de transmission et de recherche tout en valorisant des témoignages, des sujets, propres à des problématiques sociologiques et politiques d’aujourd’hui.
Avis critiques :
– Jean-Marie Durand Les Inrocks
Il est bon d’entendre ceux qui tentent de penser notre monde, pour en souligner les failles, mais aussi, en saluer les ressources possibles. Comment ne pas se noyer dans cette “période de basses eaux”, comme la définit l’anthropologue Georges Balandier dans le documentaire de Sarah Franco- Ferrer, Help ou visibilité, qui s’inscrit dans la grande tradition de l’agit-prop malheureusement ignorée par les grandes chaînes ?
Autour des questions politiques et sociales les plus graves - la société de surveillance, la cupidité, la xénophobie d’en haut, la justice méprisée -, des intellectuels, militants et des artistes livrent des mots justes et précis sur les dérives politiques que nous traversons.
Par-delà leur diversité, tous traduisent ce sentiment de désarroi et de révolte qui nous traverse tous. Contre les fondements de l’idéologie dominante, ces voix d’outre-monde défendent un esprit de subversion qui croit plus aux actes qu’aux essences, aux relations qu’aux identités, qui viserait, comme l’y invite Balandier, à “donner à l’autre la chance d’être ce qu’il est, permettre à l’autre de se réaliser autre”. Help, au secours : entendons ces cris pour sortir des eaux croupies.
– Ligue des Droits de l’Homme
Sarah Franco-Ferrer a réalisé un film très ambitieux, une réflexion sur le monde, la civilisation, l’environnement, l’argent, les droits et les libertés, pour lesquels elle a réussi à obtenir la parole d’un ensemble ébouriffant d’intervenants...
Sarah Franco-Ferrer les interviewe successivement, en contrepoint d’images très travaillées, selon un montage raffiné : des manifestations de rues - CRS et jeunes en capuchons, banderoles, syndicats et sans-papiers, lances à eau et violences ; des fauves magnifiques enfermés dans un zoo et des courses de chevaux, bref des images de la domination humaine, de la cruauté et de la résistance.
Le résultat est plutôt pessimiste : c’est d’abord le constat d’un fourvoiement politique, économique, écologique et finalement éthique. Avec quand même des perspectives de citoyenneté active et de résistance individuelle, politique et culturelle. Avec surtout une grande place donnée à la parole des sages, ceux qui détiennent le savoir et l’intelligence : à l’opposé des micros-trottoirs complaisants dont on nous abreuve, confondant la parole du peuple et le café du commerce.
Outre les questions qu’il a le mérite de poser, au plus haut niveau, le film lui-même pose d’autres questions. Comment réunir ces politiques, ces scientifiques, ces intellectuels et le mouvement social, la jeunesse qui s’agite dans les rues ? Et surtout : dans quelles perspectives, au-delà de la dénonciation ? Si Jack Ralite ou Jean-Pierre Dubois ouvrent des perspectives aux luttes, d’autres comme Armand Gatti semblent les dissoudre dans l’éther. Il n’est pas sûr que ces pensées, certes toutes critiques, conduisent le spectateur à une vision cohérente. Du moins à s’interroger sur le sens de ce qu’il vit, ce qui est déjà essentiel.
Le film mérite absolument d’être vu et diffusé pour l’importance des débats qu’il ouvre, ce qui est essentiel pour nous.