« Refuser de penser en chœur »
« C’est la guerre, dehors le tocsin sonne. Tout le monde court, tout le monde s’embrasse, on boit, on se pince les fesses, on fait des jeunes pour la prochaine.
C’est la guerre ; le soir, deux bergers, deux idiots de village, enfermés dans une grange, se couperont la gorge pour ne pas y aller.
On ne les enterrera pas à l’église ni plus tard sous l’arc de triomphe : c’est toujours cela de gagné. » Jacques Prévert 1930
1914/2014 : Comment résister à l’emballement commémoratif, centenaire oblige ?
Le texte de Prévert mis en exergue donne la ligne que se propose de suivre Mémoire à Vif lors de cette année 2014 où nous ferons la part belle à ces hommes contre, ceux qui ont dit NON à la guerre, mais ceux aussi qui ont voulu construire un autre avenir. Car la Grande Guerre ne doit pas faire oublier ces révolutions qui ont ébranlé la monde au même moment : celle, bien sûr, d’octobre 1917 en Russie, celle, moins connue, menée en Irlande par les Républicains indépendantistes contre la domination anglaise, celle au Mexique où vont s’illustrer Pancho Villa, Zapata, Flores Magon. Et celle, éphémère, des Spartakistes dans l’Allemagne vaincue.
A partir de films et de rencontres avec des historiens, Mémoire à Vif se propose de poser quelques questions : Qu’est-ce qu’obéir ou désobéir dans une société démocratique ? Jusqu’où doit aller l’obéissance, en particulier à un ordre donné ? Ces événements n’ont-ils pas été, pour reprendre une expression de Chris Marker, le moment où le XXème siècle a pris forme ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer aujourd’hui ?
Les débats devront permettre de confronter les approches différentes d’historiens, d’écrivains, de cinéastes, d’artistes pour une réflexion ouverte sur ces événements mais aussi sur le monde présent. Il y a urgence à réfléchir sur les divisions et les échecs du passé pour mettre en œuvre une véritable culture de paix.