50 ans après, pourquoi convoquer, une fois encore, notre mémoire sur cette histoire toujours douloureuse ?
Parce que Mémoire à Vif, née de la résurgence d’une résistance locale à la guerre d’Algérie, se doit de participer au cinquantenaire de l’indépendance qui mit fin à 132 ans de cette « nuit coloniale » dont parlait Ferhat Abbas, d’autant que certains ont tenté de nous vendre les aspects positifs de la colonisation et nous parlent du choc des civilisations, continuant à instrumentaliser un racisme au quotidien.
C’est aussi pour nous le moyen de faire entendre une autre voix que celle diffusée par les grands médias- presse écrite, radio, télévision – qui, dans la plupart des cas, continuent, 50 ans après, à avoir un regard de colonisateur. Bien peu osent encore dénoncer les méfaits du colonialisme et dire que les Algériens avaient raison de se révolter. Le point de vue reste résolument français, une manière de nous conforter dans l’idée que nous étions là-bas chez nous.
C’est, enfin, l’occasion de parler, en toute liberté, de l’Algérie d’aujourd’hui. N’oublions pas que le gouvernement français, qui a décidé qu’aucune commémoration officielle ne serait organisée le 19 mars, date du cessez-le-feu, a suggéré aux autorités algériennes de fêter ce cinquantenaire « dans un esprit de modération, en essayant d’éviter les extrémismes de tous bords ». Et le Premier Ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a cru bon de dire : « Il faut cesser de faire de la colonisation de l’Algérie un fonds de commerce ». Visiblement, les consignes de la France seront appliquées à la lettre. Vous avez dit : Indépendance ?