France 2022-Sortie le 5 avril 2023-Documentaire-1h32
Le film vu par Les Inrockuptibles :
"L’affaire de Tarnac décrite dans Relaxe date de 2008. Une dizaine de personnes sont arrêtées et accusées d’avoir participé à une entreprise terroriste pour des sabotages sur des lignes TGV. Parmi ce groupe, Manon se bat depuis dix ans pour prouver son innocence et qu’elle a été inculpée non pour des faits, mais pour des convictions et des revendications politiques. À l’aide de passionnantes scènes de faux procès, des répétitions qu’elle mène avec des amis pour se préparer à l’échéance qui arrive, le film montre à quel point la parole doit être conduite dans un véritable jeu d’équilibriste de la parole et dans laquelle toute mention d’un militantisme politique trop exacerbé pourrait fatalement incriminer l’accusée.
La force du film est de raconter enfin à voix haute que toute cette histoire n’était qu’une fiction policière et que malgré toutes les forces étatiques employées pour écraser ses accusé·es, la justice leur donnera raison. Le film devient alors le précieux et inestimable témoignage d’une victoire. Une trace dont nous avons tant besoin en ces temps de répression d’une violence inouïe menée par un gouvernement emmuré dans sa surdité."
L’avis de Mémoire à Vif :
Parce que Manon est la sœur de son compagnon et parce qu’elle a été révoltée par la manière dont les médias se sont emparés de l’affaire, Audrey Ginestet décide de donner à écouter une autre parole et à voir autrement les « actrices-acteurs » de cette histoire.
Lorsqu’en 2017, les inculpé.es apprennent qu’un autre procès va avoir lieu, elles/ils décident de s’y préparer et c’est à une répétition filmée que l’on assiste. Bien plus forte que la séance du Tribunal. Avec une parole libre, vraie, sincère. Où le politique prend chair. Où chacun.e s’approprie le dossier d’instruction, ce qui n’est jamais le cas lors d’un procès où s’affrontent seulement les professionnels. Une manière de servir d’exemple à d’autres inculpé.es dans des luttes semblables. Un film pour faire mémoire. Avec des moments d’émotion -Manon lisant sa lettre au Tribunal. Mais aussi des moments de joie. Et de ce que certain.es cherchent à construire à la ferme du Goutailloux. Une utopie en marche.
Audrey Ginestet parle de son film :
« Ce n’est pas un film dossier sur le procès ni sur Tarnac en général, et ce n’est pas non plus la belle et triste histoire de Manon…Cette situation et ces personnes permettent d’approcher d’une manière que j’espère non simplificatrice ce que cela signifie de chercher à construire une existence en dehors des impératifs dominants, de chercher des pratiques quotidiennes qui ouvrent sur d’autres possibles. »