"Comme des lions" Françoise Davisse 31 mai 20h30 Le Lido avec la réalisatrice et Agathe Martin, actrice de la lutte
Article mis en ligne le 17 mai 2016

par Webmestre

Documentaire France 2015 115mn

« C’est un film de guerre où chacun avance ses pions. Ce n’est pas l’histoire d’une lutte mais une façon de se plonger dans ce que l’intelligence ouvrière peut amener de plus beau. »

« Comme des lions » raconte deux ans d’engagement de salariés de PSA Aulnay, contre la fermeture de leur usine qui, en 2013, emploie encore plus de 3 000 personnes dont près de 400 intérimaires.
Des immigrés, des enfants d’immigrés, des militants, bref des ouvriers du 93 se sont découverts experts et décideurs. Ces salariés ont mis à jour les mensonges de la direction, les faux prétextes, les promesses sans garanties, les raisons de la faiblesse de l’état. Bien sûr ils n’ont pas « gagné ». Mais peut-être faut-il arrêter de tout penser en terme de « gain ». La vie est faite d’expériences, de risques, d’aventure et de fierté.
Et là, ces deux ans sont une tranche de vie exceptionnelle. Un moment d’intelligence collective, de démocratie et de révélations.

MOT DE LA RÉALISATRICE

(extraits)

La question de fond est aujourd’hui « qu’est-ce qu’on peut faire ? ». Or nous sommes dans une ambiance générale où à peu près tout le monde se dit : « il n’y a rien à faire ». Je voulais donc que le spectateur soit vraiment plongé au cœur du conflit, comme si lui-même était au milieu des ouvriers et qu’il ait à se déterminer lui aussi sur la stratégie de grève et sur la façon d’y prendre part, qu’il se dise : « qu’est-ce je ferais à leur place ? ». C’est pour ça que la caméra est très proche d’eux et qu’on passe du temps à les écouter discuter et à voir leurs réactions sur leur visage. On peut apprendre et réapprendre qu’on peut lutter ensemble. Ce n’est pas que ça banalise la lutte, ça la rend normale, possible et plaisante…
Que ces ouvriers soient immigrés, qu’ils soient de deuxième ou de troisième génération, ce n’est jamais cette image-là qu’on donne ni de la Seine-Saint-Denis ni des immigrés. Quand on en parle, on est souvent dans une représentation qui donne l’impression qu’on à faire à des gens extérieurs : les musulmans, les terroristes ou je ne sais qui encore. Alors qu’avec ce film, pour une fois, on voit de quoi et de qui on parle, c’est-à-dire la classe ouvrière dans la région parisienne. Celle-ci est composée de citoyens qui ont leur mot à dire, qui ont une intelligence et une capacité à collective à penser. Montrer cette image, ce n’était pas une volonté de dé¬part du film. C’est un état de fait : les ouvriers de France qui se battent, ce sont eux tout simplement

Le film vu par les médias

« Françoise Davisse, la réalisatrice de « Comme des lions » est là, depuis le début du début. Elle va tout filmer des coulisses de cette grève, des négociations, de la mobilisation, de la solidarité, de la colère et de la fierté retrouvée. Elle ne perd pas une miette des discussions à bâtons rompus, des hésitations, des cris de joie et des larmes de déception côté ouvriers, du cynisme et des mensonges côté patrons et pouvoirs publics. Le contraste est saisissant...
Quand tu es en grève, tu es libre », balance crânement un des grévistes. C’est bien ce sentiment de liberté et de fierté retrouvée qui éclate à l’écran. Quand le cinéma témoigne de cette réalité-là, il fait œuvre d’utilité publique. »

L’humanité

« COMME DES LIONS montre les forces en présence :
des syndicalistes qui veulent faire bouger des salariés qui pensent que ça ne sert à rien
un État qui fait mine d’être impuissant et qui fait mine de vouloir moraliser le capitalisme
des industriels dont la logique n’est pas industrielle mais entièrement financière
des médias qui, pour la plupart, relaient la stratégie directoriale et donnent l’image d’une lutte violente.
Intelligence collective, fraternité, joie dans la lutte, expérience utile pour les combats à venir et surtout, incomparable victoire : aller LA TÊTE HAUTE. Alors qu’avec la NUIT DEBOUT la contestation s’étend, ce film présente une expérience concrète et stimulante pour inspirer les luttes à venir. »

Daniel Mermet sur la-bas.org

« Un documentaire social peut-il être un bon film d’action  ? Comme des lions prouve que oui. Pendant deux ans, de 2012 à 2014, la réalisatrice Françoise Davisse a filmé les salariés de l’usine de PSA à Aulnay-sous-Bois, en lutte contre sa fermeture.
Elle nous fait vivre au plus près, sans misérabilisme et de la manière la plus épurée, sans voix off, les incertitudes, les émotions et la ténacité de plusieurs centaines d’ouvriers et d’ouvrières – dans une usine qui employait 3 000 personnes – engagés dans un bras de fer avec la direction et l’Etat.
Aucun aspect de cette aventure collective, qui se solda par une grève épique de quatre mois et la fermeture effective du site, n’échappe au regard de la réalisatrice, des tensions entre grévistes et non-grévistes aux stratégies patronales pour casser le mouvement, en passant par la violence physique et symbolique dirigée contre ses acteurs.
Sur une musique de circonstance signée Mouss et Hakim (du groupe Zebda), le film suggère que “quelle que soit l’issue du conflit, on est toujours gagnant quand on lutte”, comme l’explique sa réalisatrice. En plein mouvement de contestation contre la loi El Khomri, voilà qui tombe à pic. »

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